Anachroniques

28/08/2016

Hommage à Jean-Claude Pirotte

Pirotte Jean-Claude, Il y a, illustrations de Didier Cros, MØtus, 2016, non paginé, 10€40
dès 10 ans
Chroniqueur du « Journal d'un poète » dans le mensuel Lire, romancier, nouvelliste, poète, Jean Claude Pirotte (1939 – 2014) a été salué par de nombreux prix, notamment, en 2012, le prix Goncourt de la Poésie pour l'ensemble de son œuvre et le prix de l’académie française.
Il y a rassemble, trente-trois quatrains évoquant des sujets divers : la lecture (« Quand je lisais Raymond Queneau/ j’étais heureux, tout était beau »), les maux de nos sociétés, la violence. Internet apparaît, égratigné car trop porteur de vie pressée, de vie gorgée d’informations qui outrepassent la commune mesure de l’homme, c’est-à-dire qui l’empêche de tracer une perspective : la seule restante étant celle du maniement addictif à un outil.
Le recueil parle de la terre, de voyage, c’est-à-dire, au fond d’une aventure d’espace que le tout petit parcourt pour se construire en humaine personne :
« j’aurai franchi les paysages
comme un oiseau dans ses voyages
j’aurai connu la terre entière
et j’aurai vu toutes les mers. »
Etonnant dernier poème d’une œuvre ultime !
Ce qui revient comme un motif, ce sont les bêtes. Elles sont observés au plus près, présentes à chaque détour de page ou presque. L’œuvre picturale de Didier Cros, qui accompagne le recueil, insiste sur le motif. Les images glissent régulièrement du réalisme au fantastique, prises toutefois dans un flou, tendant à introduire le thème d’un réalisme magique. Quand on sait l’intérêt de Pirotte pour Dhôtel on se dit qu’il y a là une congruence heureuse. Didier Cros est un peintre sur qui Jean-Claude Pirotte travaillait depuis dix ans nous dit l’éditeur, en toute complicité d’univers si on en juge par Il y a.
Dans l’émiettement du monde, le poète largue des amarres et sa pensée vogue de détails saisis en détails scrutés. Et pour chacun, c’est le monde enfermé dedans que le poème fait ressortir ; il le met à jour, pour illuminer la compréhension chez le lecteur. Car cette poésie a le souci permanent de la clarté par la simplicité. Mais une simplicité non édulcorée en mièvrerie. Les poèmes peuvent être durs, comme le sont les peintures en noir, blanc et gris de Didier Cros. C’est que la poésie n’enjolive pas, elle ne montre pas, elle révèle par les mots mais aussi, ici, par le geste du peintre. Les voyelles, les consonnes, les lettres, prennent les choses dans leurs rets et les portent en représentations mentales, les peuplant nouvellement de la matière du langage. Le sens travaille alors. Ici, c’est un bestiaire fantastique et pourtant souvent du quotidien qui accompagne l’évocation du monde. Là c’est un bestiaire en clin d’œil qui sort d’une comptine :
« il y a quoi dans ta sacoche
il y a la mouche du coche
cette mouche qui fait donc quoi
elle rend le cocher narquois ».
Les quatrains, en octosyllabes, sont majoritairement de rimes plates. On a ainsi deux vers qui s’accordent et font face à deux autres. Nous voyons une mise en abyme du dialogue, ce dialogue que Jean-Claude Pirotte noue avec les enfants. Et dans la relation tendue entre le créateur et ses lecteurs, le réel n’est pas reproduit, Frédéric Chef dit même qu’il est « esquivé » (1). Esquivé, oui, mais affronté toutefois grâce au verbe poétique. Pour ce faire, il faut passer par le langage, non pas lui faire confiance, mais œuvrer en confiance avec lui pour dénaturer ce qu’on croyait immuablement établi. Là encore, le rôle des peintures est essentiel, vraiment partie prenante de l’œuvre poétique.
Pour saisir le réel, le recueil pointe la nécessité de savoir enrichir l’espace et donc, s’adonner à sa construction. Le titre est en lui-même un manifeste : « Il y a ». Le sujet, la personne, l’enfant, existe dans l’espace et en trouvant place. Cet espace n’est pas seulement l’espace physique. Il est aussi l’espace mental qu’il s’agit d’élargir d’étendre, de construire chaque jour un peu plus, mot à mot, en quelque sorte. L’espace poétique ne relève pas de la mesure, ce pourquoi, peut-être, la poésie est si peu appréciée par nos contemporains. En partant du réel, en l’amplifiant par notre compréhension et notre évocation, on le transforme et on se transforme.
L’humour, si présent dans le recueil, comme d’ailleurs dans beaucoup de poésies prisées par les enfants, est la marque rhétorique de cette amplification. En poésie, on cherche les causes par les effets. Le réel se donne à voir, mais encore faut-il le voir et les mots servent à cela. Jean-Claude Pirotte lance l’enfant dans la quête du monde avec pour outil le mot qui décèle les choses inouïes, inouïes parce qu’encore jamais entrevues. Et c’est à cette aune qu’on atteint l’innocence que débusque aussi l’humour :
« J’ai pataugé dans le ruisseau
Pour voir nager quelques gardons
Et je m’étais muni d’un seau
Je leur demande bien pardon »
La poésie aimait dire Pirotte est « une passion simple ». Ce recueil en est une preuve.
Ce qui frappe dans ces poésies, c’est le style déclaratif, qui repousse l’indécision mais accueille la passion, la blessure sourde. Il y a n’est pas ce qui reste de l’enfance mais ce qu’elle appelle, car elle frémit au tréfonds des mots et des rythmes. Bien qu’écrite en direction des enfants, le recueil ne s’alourdit pas du passé, il est hymne du présent. Evoque-t-il l’école de son enfance, le poète ne se perdra pas dans la nostalgie mais parlera au jeune lectorat au présent grâce à la chute du quatrième vers :
« je me souviens de mon école
le maître portait un faux col
on avait soif on avait faim
mais on se tenait par la main »
Cette enfance du recueil est donc une enfance à distance, une conscience d’enfance dont le poète veut inviter le lecteur à se pourvoir. Quant à l’avenir, il est dans l’ailleurs que l’on peut aller chercher avec les mots.
Philippe Geneste

(1) Frédéric Chef, chronique de deux ouvrages de Jean-Claude Pirotte dans Diérèse, poésie et littérature, n°67, printemps 2016, pp.302-304

21/08/2016

Dans l'histoire humaine du monde

Reynaert François, La grande Histoire du monde arabe. De l’empire romain au Moyen âge, illustrations de Laura Fanelli, préface de Marek Chebel, éditions Bulles de savon, 2015, 44 p. 14€95
Voici un livre de référence. Il se présente sous le format d’un grand album 28cmx28cm. Aux illustrations stylisées imbriquées dans une mise en page aérée. Les couleurs restent vives mais non tape-à-l’œil. François Reynaert nous invite à suivre, chronologiquement, l’histoire de la civilisation arabe confrontée aux autres civilisations. Car il n’y a de civilisation que dans le rapport aux autres.
Le livre –album commence avec l’empire romain (66 avant JC), nous suivons les conquêtes arabes le long du parcours méditerranéen et vers les profondeurs de l’Orient avant de pérégriner jusqu’au Moyen âge irrigué des grandes inventions arabes (sous l’ère des Abbassides). S’il présente les arts, la religion en ses origines et en son devenir, avec les oppositions entre chiites et sunnites, il s’attache aussi aux luttes de pouvoir dont la plus connue, celles des Omeyyades et des Abbassides  est détaillée.
D’une grande intelligence tout autant que d’une érudition vivante, l’album raconte des motifs connus pour rattacher l’enfant au tissu de cette histoire plurielle et multiple des peuples arabes. L’ouvrage s’achève sur ce que l’humanité doit à la civilisation arabe en sa genèse. Le livre est un sommet du documentaire pour les enfants à partir de 10 ans. Il s’adressera avec bonheur aux tranches d’âge de la préadolescence et de l’adolescence qui y puisera instruction et vue compréhensive d’un univers trop souvent caricaturé et soumis à de éclairages idéologiques qui en dénaturent le réel apport historique.

Fontanel Béatrice, Le Petit musée de Picasso, Gallimard, 2015, 32 p. 19€90
Aux trente-deux pages de l’album s’ajoutent des facsimilés évoquant la vie de l’artiste, un carnet de dessins, des portraits de l’artiste sous forme de dépliant photomaton, une série de lithographies sur des taureaux, une affiche, la reproduction en grand format de Guernica, une quarantaine d’autocollants repositionnables à fixer sur les murs. Une double page de l’album recense toutes les illustrations dont celles des éléments du coffret. L’auteure est spécialisée dans la présentation de l’art  aux enfants et en vit. Le Petit musée de Picasso est un objet généreux. Le texte procède par périodes de la vie de l’artiste : 1881/1895 (l’enfant), 1901/1905 (les débuts parisiens), 1904/1906 (le début des ventes de ses tableaux), 1907 (les demoiselles d’Avignon), 1907/1914 (le collage et le cubisme), 1917/1924 (le dessinateur et décorateur pour théâtres), 1921/1923 nus et colosses), 1925/1973 (l’art de la déconstruction), 1937 (Guernica), 1939/1945 (l’artiste en prise avec la matière), 1945/1973 (l’engagement communiste), 1947/1963 (le céramiste), 1954/1960 (le travail sur les sources picturales), 1960/1973 (l’inspiration mythologique). On le voit, l’autrice mêle chronologie et thématique. Chaque double page présente un tableau (pleine page), une citation au-dessus d’un texte informatif et deux images légendées.
Nul doute qu’une telle présentation amènera des critiques. A présenter Picasso comme un pur génie, le documentaire reproduit la stéréotypie des artistes inspirés. L’histoire des arts reste plutôt absente et les faits historiques juste évoqués en lien avec Guernica. A tout donner comme d’évidence, le documentaire omet les doutes éventuels de l’artiste, les contextes dans lesquels il se meut et qui l’influencent nécessairement. Quand à l’homme Picasso, Fontanel ne nous en dit rien de très précis ce qui n’est pas plus mal.
L’ouvrage ne marque pas de choix spécifique de la part de l’autrice et on le regrettera, car ce n’est que dans le parti pris que des éléments propres à la réflexion peuvent être posés par le lectorat qui est alors poussé à chercher par lui-même. D’autre part, sur un artiste aussi adulé aujourd’hui, on aurait aimé une réflexion même sommaire sur les raisons de cette postérité en lien avec le marché de l’art.

Les Vikings, traduit de l’anglais par Michel Hourst, Gallimard, collection mes grandes découvertes, 2015 (1ère édition 2008), 64 p. 8€90
On connaît cette collection, régulièrement chroniquée dans nos colonnes, et cet ouvrage en bénéficie des atouts : clarté du texte rédigé collectivement, abondance des illustrations avec un légendage informatif d’une clarté engageante pour la lecture. Les caractéristiques de la civilisation viking sont bien mises en avant, et les lecteurs pourront se les approprier grâce à quatre doubles pages d’activités et cent autocollants avec titre, une manière intéressante de prolonger la lecture par delà sa durée propre. Le livre rend compte des connaissances acquises sur l’art de la guerre de ce peuple, et met en avant les mœurs, la vie agricole des villages, les trois classes sociales qui structurent une société hiérarchisée, les arts artisanaux des métaux, la naissance des runes. La saga de Sigurd tueur de dragon est abordée à travers un panneau sculpté d’une église norvégienne. A partir de ce support matériel, le livre développe l’univers des sagas, la vie des scaldes (ces poètes qui racontaient les récits épiques. Les mythes, légendes et croyances sont, bien sûr, alors présentés. Un très bon numéro de cette collection destinée aux 8/10 ans, amélioré par la réédition de 2015, source d’information et de plaisir de voir autant que de lire.

Philippe Geneste

14/08/2016

Bonheur diaphane

Guéraud Guillaume, La Prisonnière du brouillard, illustré par David Sala, Casterman, 2015, 32 p. 14€95
Le texte commence par la course d’un enfant ayant échappé son cerf-volant. L’objet a pris sa liberté et va amener celui qui le poursuit auprès d’un lac de légendes noires, où la nature hostile drapée dans un brouillard peu pénétrable abuse les sens et change la conscience en superstitieuses peurs.
Les illustrations de David Sala s’appuient sur la finesse du dessin, la luxuriance des détails ou les fonds proches de motifs de tapisserie, réalisés dans l’esprit de l’art nouveau, avec une nette présence de Klimt pour le traitement pictural des vêtements du héros, mais aussi, des appels à la peinture naïve ici, là des touches d’impressionnisme. Toutes ces références accompagnent des compositions picturales souvent sur-réalistes plus que fantastiques, qui sont portées par le texte soigné de Guéraud. L’écriture convoque une cœnesthésie par un riche vocabulaire qui donne précision à la féerie de l’univers évoqué. Guillaume Guéraud allie la complicité de l’enfant avec un geai, qui l’aide à se sortir des pièges des buissons de sortilèges, avec une narration à la première personne, narration tendue vers la perception de l’infime, de l’instantané. De cette complicité naissent des motifs du genre merveilleux sur lesquels David Sala accroche la représentation graphique et picturale.
Le diaphane, suggéré par des gouaches, prend forme par de nombreux jeux de lignes et de courbes. L’aérien et l’aquatique se mêlent, se fondent, s’interpénètrent laissant juste apparaître la silhouette spectrale de la nymphe, fantôme d’un monde englouti. Sala retrouve ici la ninfa fluida de la Renaissance, cette figure mythologique qui « laisse toujours derrière elle » des « écharpes visuelles (…) cheveux dénoués, draperie dans le vent, mystérieuse fluence » (1). Le rapprochement vaut aussi pour l’érotisation du récit porté par la peinture qui s’ensuit. La peinture symbolique est proche. Le lac Clameur, tel est le nom de ce lieu maléfique aux brumes profondes, était, jusqu’à sa pénétration par le héros au cerf-volant perdu, un lieu de mort. Avec l’apparition, il va devenir un espace de régénération par l’amour qui ouvre à la vie sociale (dernière double page).
Dans ce récit, le haut et le bas, dominent sur l’horizontalité. Le baiser final de la nymphe-princesse et du garçon s’élève dans le ciel. Les deux personnages sont supportés par un rocher, ce rocher qui a présidé à l’apparition de l’ensorcelée. La dernière image réconcilie le vertical et l’horizontal, l’élévation et le cheminement, le bonheur et la vie, les libellules et les lichens. La société est l’autre nom de l’harmonie, elle se réalise par la réalisation de soi autant que la personne se réalise par elle. Dans ce milieu autrefois malsain, la nature vient reprendre ses droits qui épousent la féerie d’un genre, le conte merveilleux.
Philippe Geneste

(1) Georges Didi-Huberman, Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir, Gallimard, 2015, 224 p. 

07/08/2016

Par delà le miroir des vacances

Faut-il toujours obéir ? Nathan, collection c’est quoi l’idée ? 2013, 26 p. 7€95
Le volume procède comme toute la collection par questions et réponses d’un personnage héros de la série animée réalisée par Tanguy de Kermel qui donne son nom à la collection, mais on y retrouve aussi des images tirées de la collection Philozidées et des extraits du livre des grands contraires philosophiques d’Oscar Brenifier et Jacques Desprès (Nathan). L’obéissance n’est conçue que comme obéissance pour son bien en s’appuyant sur des préceptes de la vie quotidienne. C’est une limite étrange pour qui veut scruter la notion d’obéissance…  
Castel Anissa, Aimer un peu, beaucoup… à la folie ? illustré par Christine Enault, Giboulées-Gallimard jeunesse, collection Chouette penser, 2013, 85 p ; 10€50
Voici encore une belle réussite de cette collection pour les adolescents. Mêlant adroitement références philosophiques et littéraires avec des situations banales qui servent d’ancrage à la compréhension des jeunes lecteurs, le livre avance vers une série de questionnements du mot amour en venant ainsi à dessiner la problématique de l’autre dans la définition de soi. Les illustrations de Christelle Enault sont d’une intelligence rare et fourmillent d’inventivité. L’illustration en général est d’ailleurs un trait fameux de cette collection. Le dessin est en distance par rapport au texte tout en apportant par ses propres moyens des éléments nouveaux à la problématique.
Wlodacczyk Isabelle, Autret Yann, Des Histoires de chevaliers pour réfléchir, édition Oskar, collection Philo, des mots pour réfléchir, 2014, 57 p. 14€95
D’abord, le préadolescent trouvera dans l’ouvrage un répertoire culturel brossant toute l’année des programmes de cinquième d’Histoire-Géographie et de Français ; ensuite, il sera convié à réfléchir sur ces situations connues ou croisées au cours de sa scolarité en termes neufs, puisque l’ouvrage le pousse à transposer dans son quotidien contemporain des situations historiques ou littéraires. La confrontation à l’intérieur de la commission jeune de Lisezjeunessepg a montré combien cet ouvrage était intéressant. Assez volumineux, le livre permet à chacun.e. de trouver des textes rencontrant son intérêt. Et de fil en aiguille, l’enfant éprouve sa capacité à penser, à réfléchir. Osera-t-on le conseiller aussi aux enseignant.e.s. qui pourraient bien y trouver matière à donner quelque piment supplémentaire à leurs cours.
Magana Jessie, Messager Alexandre, Les Mots indispensables pour parler du sexisme, Syros, 2014, 168 p. 12€
On réservera cet ouvrage à partir de 14 ans. Livre très bien écrit, richement documenté, instruit, érudit et en même temps d’une grande clarté. Il procède par double page, plus rarement quatre pages, analysant une notion, un mot, un comportement, une partie du corps, une personnalité, avec à chaque fois des références livresques ou filmiques accompagnées d’une signalétique précisant l’âge auquel s’adresse le document (collège, lycée ou adulte).
Le sexisme étant la première des discriminations dans les cours de récréation dès les écoles primaires et même maternelles, on comprend tout l’intérêt que ce petit livre de poche bien broché présente. Il rappelle que notre société est ankylosée dans des stéréotypes sexistes qu’elle ne cesse d’alimenter. Son iconographie bien que peu abondante renforce la compréhension des propos tenus. Oui, un livre à recommander pour les jeunes dès l’âge de 14 ans et pour toutes les bibliothèques d’écoles et d’établissements secondaires.
Bessard-Banquy Olivier (textes choisis et présentés par), Le Goût des livres, Paris, Mercure de France, 2016, 135 p. 8€
En ces temps peu propices au livre, en ces temps pris par l’urgence illusoire et ses médias adaptés, il est heureux de pouvoir lancer les adolescent.e.s et préadolescent.e.s sur des itinéraires livresques, bibliophiliques, ceux de la bibliomanie, jusqu’aux routes de l’ivresse matérialistes de la lecture ou encore l’amour de la vie du livre. Mettre ses pas dans ceux de cette anthologie, qui privilégie l’humour, c’est entrer dans des univers singuliers et c’est revenir à la centralité de la matérialité même du livre. Car c’est depuis ce point de vue que le livre va affronter, affronte le raz de marée du numérique. Trois sections structurent l’ouvrage : la grandeur du livre, le fétichisme des volumes, les bibliofolies et autres bizarreries.
Philippe Geneste

Deux rééditions en poche
Place, François, La Douane volante, Gallimard, collection Pôle fiction, 2012, 417 p. 6€70
Entre fantastique et récit de formation, François Place nous entraîne avec son style limpide à l’intérieur des paysages imaginaires des peintres hollandais tout en interrogeant la guerre et son cortège d’horreur ou plutôt, ici, d’effroi.
Commission lisezjeunesse
Dixen Victor, Animale, La malédiction de Boucle d’or, Gallimard jeunesse, collection Pôle fiction, 2015, 544 p.8€65
« 1832. Couvent St Ursule. Blonde est sa pensionnaire permanente. Orpheline depuis la naissance, depuis laquelle elle est forcée de cacher sa beauté troublante sans raison apparente. (…) Vient se greffer là-dessus son amour  fou  pour le jeune tailleur de pierre Gaspard avec l’aide duquel elle se lance sur les traces de son identité.(…) Le style d’écriture et l’histoire d’amour passionnée entre les deux personnages permet au chef d’œuvre des frères Grimm écrit en 1837 de rester actuel. L’auteur revisite le classique de Boucle d’or pour le transformer en passionnant thriller. Il imite le style d’écriture des plus grands romanciers du dix-neuvième siècle, tout en réussissant par la composition de l’histoire à le faire résonner dans notre modernité ».
Aurélie Arnaud (intégralité du texte sur le blog du 28 juillet 2014)