Barrie James Matthew, Peter Pan, traduit et adapté par
Maxime Rovere, illustré par
Alexandra Huard, Milan, 2015,
64 p. 16€90
Les illustrations d’Alexandra
Huard, aux couleurs soulignées, au dessin plus enfantin, s’unissent à la poésie
de l’écriture adaptative de Maxime Rovere. L’œuvre ainsi créée rend un bel
hommage au roman de James Matthew Barrie, Peter Pan.
Peter Pan est un jeune garçon qui
vit au Pays du Jamais, « NeverLand ». C’est un pays sans
frontière, niché aux creux des rêves d’enfant pour un temps sans contrainte où
la fantaisie se joue des heures pesantes, lourdes de passé, de futur tout
tracé. C’est un présent de l’imaginaire dans un espace d’émerveillement.
Le jeune héros avait fui la terre
du réel après avoir surpris une discussion entre ses parents, entendant comment
ils voulaient figer son avenir. Quelque temps plus tard, voulant les visiter,
il avait vu sa mère penchée sur un autre enfant, et compris qu’il avait été
remplacé.
Dans son monde imaginaire, ce Pays du Jamais, Peter Pan est accompagné
d’un être merveilleux, scintillant, tintinnabulant : la fée Clochette,
rare figure féminine du roman avec la princesse indienne Lys Tigré, dont le
courage la porte à occuper la place la plus dangereuse au plus près des ennemis
qui talonnent sans cesse sa tribu. Il y a aussi les sirènes qu’il faut se
garder d’approcher. Peter Pan a recueilli les Enfants Perdus, ceux que le monde cruel des adultes a maltraités. Il les
protège des pirates et de leur chef, le capitaine Crochet.et cela avec ruse et
intelligence.
Lors d’une de ses escales sur
terre, Peter Pan rencontre Wendy qu’il conduit auprès des siens. La petite
fille va jouer avec conviction le rôle de maman. Sa place privilégiée dans le
cœur du jeune garçon va lui attirer la jalousie de la fée Clochette. Les petits
frères de Wendy, qui l’ont accompagnée, apprennent, auprès des Enfants Perdus
et du héros, à surmonter l’effroi qu’avaient favorisé une éducation rigide et
les terreurs induites par l’autorité des familles.
« Je suis la jeunesse, je
suis la joie » dit Peter Pan.
La traduction de Maxime Rovere
souligne le pouvoir de la fantaisie sur un monde de contrainte où l’on ne sait
pas, comme le chante Jacques Brel, « devenir
vieux sans être adulte ». Elle ébauche avec finesse, avec un humour
doux, ce qui fait grimacer l’enfant éternel, qui se méfie des belles jeunes
femmes, comme Wendy le devient, et ne comprend rien au langage des baisers,
mais ceci est une autre histoire.
Annie Mas
Stevenson
Robert-Louis, Docteur Jekyll et Mister Hyde, illustré apr Sébastien Mourrain,
traduit et adapté par Maxime Rovere, Milan, 2015, 64 p. 16€90
Le travail
d’adaptation des classiques sont parfois des prolongements au mythe littéraire
qu’une œuvre a engendré. C’est le cas ici. Les illustrations de Mourrain
emportent l’enthousiasme, réussissant à traduire autant une époque que
l’univers de Stevenson. Privilégiant le fris et noir, rehaussés parfois de
couleurs, les dessins donnent une interprétation intelligente du roman de
Stevenson. L’adaptation reste une adaptation en valant, au fond que par
l’entrée du lecteur dans le domaine littéraire patrimonial occidental.
Hugo Victor
(d’après), Les Misérables, adaptation de Luc Lefort, illustrations de
Gérard Dubois, Nathan, 2002, 64 p. 15€
Faire entrer les préadolescentEs
dans ce roman mythique de la littérature française par une adaptation, c’est
vouloir perpétrer une culture patrimoniale, permettre aussi à de jeunes
lecteurs de se familiariser avec cosette et jean Valjean. L’adaptation, comme
toujours, reste une troncation. Mais le travail d’illustration force
l’attention. Les images sont empreintes de gravité, tons gris, bruns, ocre,
rouges, composées avec rigueur, optant pour un cadrage en plans moyens, avec
des personnages qui interrogent les lecteurs par leurs regards immenses et
fixes. L’univers hugolien se fait peu à peu impalpable, plus poétique que
réaliste, ce qui, au final, amène Les Misérables du côté du mythe où
l’adaptation trouve sa seule raison d’être. Mais c’est une raison sociale.
Cerventes Miguel de (d’après l’œuvre originale de), Don
Quichotte, adaptation de Maria Angélidou, traduit du grec par
Jean-Louis Boutefeu, illustrations de Vassilev Svetline, Milan, 2006,
64 p. 14€95
Comme dans le
cas précédent, mais avec plus de pertinence, l’adaptation, qui, ici, est passé
par une traduction grecque avant de parvenir à la traduction française,
l’adaptation n’a de sens que dans le legs à la jeunesse d’un personnage
mythique, connu de tous et toutes, à l’histoire non moins apprivoisée par nos
sociétés par fragments d’enchantements du monde contemporain. Quatre cents ans
après, aujourd’hui en 2015 (le livre date de 1605/1615), l’adaptation apporte
un visuel flamboyant, une interprétation graphique onirique autant
qu’historique de par les couleurs choisies et le trait du dessin. Le grand
format du livre (260 x 315 mm )
magnifie l’ensemble. A défaut de lire l’intégrale du roman, c’est une manière
de donner aux préadolescents une approche de l’œuvre et de l’époque de son
auteur.
Philippe Geneste