A propos de
la lecture dans quelques livres destinés à la jeunesse
Voici deux romans centrés sur la
lecture, destinés aux 9/10 ans. Notre articulet ne s’arrêtera pas sur leurs
histoires respectives mais sur l’image qu’ils donnent de la lecture scolaire et que nous prolongerons par un ouvrage destiné à l'apprentissage de la lecture .
Dans le
premier, écrit par Bernard Friot,
Je
n’aime pas le français, illustrations de Zelda Zonk, Milan, collection poche cadet, 2014, 79 p. 5€90,
la lecture est présentée comme un pensum scolaire inévitable. La professeure de
français est chahutée, mais obtient au final que les élèves se mettent à lire
dans ce charmant bazar… Si Friot peut se défendre de rendre compte de bien des
propos d’élèves eu égard à l’activité de lecture, il n’en demeure pas moins
qu’il avalise l’activité distractive des élèves comme une des conditions de fait
des apprentissages. C’est un premier point sur lequel on peut trouver
démagogique son récit. De plus, la lecture est présentée dans le cadre d’une
compétition, ce qui est tout simplement rentrer dans l’air du temps où les
enseignantEs sont sollicitéEs en permanence pour présenter les élèves à des
concours divers et variés : c’est là une conception du savoir qui verse
dans le culte de la compétition et qui donne intérêt aux savoirs qu’en fonction
de ce qu’ils permettent de bénéficier, le prix. Les savoirs ne valent jamais
pour eux-mêmes. Enfin, la compétition de lecture entre une classe de
l’enseignement laïque et une classe de l’enseignement catholique, avalise aussi
la présence à l’école d’entreprises via le sponsoring, donne crédit au projet
comme base d’obtention des moyens nécessaires à réaliser une activité. Au
final, la lecture est une activité de compétition indissociable de la société
où domine le culte de l’entreprise. Friot, pour complaire à ses lecteurs, se
sert du ton humoristique pour les emmener tout droit dans tous les panneaux de
l’école capitaliste que le récit avalise de fait. Une seule interrogation
surnage au milieu de cette stéréotypie scolaire, c’est celle portée par le
personnage de Katia, qui pose l’importance de la liberté de lecture qui permettrait
seule au lectorat de saisir la lecture pour elle-même et non pour une finalité
extérieure à elle (un devoir, une note de fiche etc.).
Dans le
second de Quitterie Simon, Je ne
veux pas lire ! illustrations d’Hervé Le Goff, Milan, 2014, 23 p.
4€99, la lecture est considérée comme une ouverture au monde mais aussi un
facteur de lien entre les parents lecteurs et l’enfant auditeur, d’une part,
d’autre part entre l’enfant et les autres enfants à qui, à son tour il peut
lire une histoire. Destiné aux 6/7 ans, le petit livre pose la difficulté de
lecture sur le terrain affectif : une enfant refuse de lire pour conserver
ses parents, le soir, auprès d’elle, qui lui lisent une histoire. C’est un
choix où la question de la difficulté du lire est, en fait, plutôt évité, mais
le livre est agréable avec ses illustrations joyeuses.
Mzali-Duprat
Marie-Claire, Chuuuuut, je lis ! illustrations de Daphné Hong, Milan, collection Poussin, 2014, 24 p. 4€99
C’est une histoire animalière, on
ne sait pas pourquoi, puisqu’il s’agit d’un récit sur l’enfance humaine. Ce
travers est un défaut de la création du livre destiné à la jeunesse qui se
perpétue de génération en génération. Pourtant, cet ouvrage particulièrement
adapté aux enfants qui apprennent à lire, avec des codes de couleur, une taille
de caractères avantageuse, un équilibre réussi entre le texte et l’image,
présente un intérêt certain. Il se penche sur la lecture, en ce qu’elle peut
isoler l’individu, mais aussi, en ce qu’elle lui permet de s’ouvrir au monde.
C’est une exploration de la planète des lecteurs et lectrices. Quand à la fin
du livre, elle met en scène la définition dialogique de la langue :
« La lecture, j’adore. Et à deux,
c’est encore mieux ».
Livres pratiques
Rajcak Hélène, Cherche et colorie des animaux sens dessus
dessous, Casterman, 2015, 56 p., 7€95
Cet ouvrage est
un album de coloriage doublé é d’une livre à suggestions fines pour
l’observation aigüe des dessins. L’auteure invite l’enfant à manier des
opérations logiques de combinatoire, quelques opérations liées à la
numérotation, d’autres amenant à saisir les inversions de formes, bref, un
travail cognitif permanent mais jamais hors de portée, si on pense que
l’ouvrage pourrait être offert à des enfants à partir de 8 ans (l’éditeur parle
de 5 ans) Ajoutez à cela que c’est un régal de dessins, de véritables œuvres
dessinées qui sont proposées et vous comprendrez que nous recommandions
l’ouvrage si vous cherchez un ouvrage pratique, une activité de coloriage
intelligente.
Philippe
Geneste
Goûters pour les gourmands. 40 activités faciles et
originales, Père Castor, 2015,
96 p. 15€
Comme souvent
pour ces livres pratiques, l’accompagnement de l’adulte est nécessaire, si bien
qu’avec cette précision, le livre est valable pour les enfants jusqu’à 12 ans.
. Le livre est plein de couleurs, agréable à feuilleter, les recettes sont
indexées (de facile à difficile, de 30 minutes et moins à 60 minutes pour la
réalisation), elles sont classées en goûters de fête, de rêve, des aventuriers,
d’ailleurs avec 10 recettes pour chaque classe de goûter. La boisson est aussi
proposée pour accompagner au mieux la recette. Des dessins en couleurs
accompagnent la présentation de l’activité culinaire non sans intégrer,
parfois, quelques suggestions vestimentaires ou de mœurs juvéniles spécifiques.
Annie Mas