Anachroniques

21/12/2014

Pour que soit la lecture en fête

Scott Jenny, Animalium, illustrations de Katie et Broom, traduit de l’anglais par Emmanuel Gros, Autrement, 2014, 112 p. 25€
Voici un imagier naturaliste avec un texte scientifique écrit à portée de compréhension d’enfants et d’adultes non spécialisés. Alors que, du côté du cinéma, l’imaginaire de la nature est en perte sèche auprès de la jeunesse (1), voilà un livre qui permet à l’enfance de se connecter au monde naturel, d’en parler, d’en prendre conscience, qui appelle des expériences de découvertes : « les enfants jouent moins dans la nature et lorsqu’ils deviennent scénaristes, tendent à moins la représenter dans les histoires qu’ils écrivent » explique Stéphane Foucart.
Le livre de Scott et Broom est une pierre dans cette bataille sourde entamée pour préserver l’imaginaire naturel de l’enfance en dehors des monstruosités de la fantasy que, seule, pourtant, une bonne connaissance du règne du vivant permet d’apprécier à sa juste valeur de création.
Les illustrations empruntent aux planches colorées des naturalistes, on pense à Linné, à Darwin et invitent le lectorat à se délecter de liaisons insoupçonnées et insoupçonnables, un peu comme opère la poésie. Nul ne sait ce que chacun, chacune va repérer dans les images de la vulgarisation scientifique, mais tout le monde sait que l’imaginaire s’y nourrit. Le jeune lectorat aime se promener au cœur de ces planches précises et fouillées. L’autrice en organise la présentation en suivant l’ordre généalogique de l’évolution des espèces. Animalium emprunte à l’imagier l’ordre de la désignation quand des commentaires aident le jeune lectorat à se situer sur la terre, à l’intérieur du règne animal, n’omettant pas de souligner les liens avec le milieu végétal ou géologique, terrestre, marin ou aérien.
On entre dans le livre comme dans des galeries : celle des invertébrés, celle des poissons, celle des amphibiens, des reptiles, des oiseaux enfin des mammifères. Un index propose une autre forme de lecture du livre et des planches. Le très grand format (370x272) magnifie le travail iconographique et taxinomique. Le livre prend ainsi du poids. à l’heure de la fuite en avant technologique destructrice de la nature par un capitalisme partout triomphant, il acquiert une fonction de résistance à l’oubli humain de la diversité du vivant ; il alimente l’imaginaire enfantin en représentations de la nature. Le lectorat voyageant dans les images, éclairé par les textes explicatifs concis, habite durant le temps de la lecture le monde naturel puis, reposant le livre, est plus apte à l’appréhender au dehors, à en lier les manifestations visibles..
Geneste Philippe
(1) cf les films de Disney où « les décors naturels sont moins présents », passant de 80% du temps dans les films des années 1940 à 50% dans ceux produits de nos jours, avec une majorité écrasante de paysages naturels « de plus en plus anthropisés (zones agricoles, jardins etc.) » Stéphane Foucart « L’Imaginaire atrophié » Le Monde des 18/19 mai 2014.

Pichard Alexandra, Cher Bill, Gallimard jeunesse Giboulées, 2014, 48 p. 14€50
Une fourmi et un poulpe qui correspondent, voilà qui sent l’histoire animalière. Fausse donne, le livre est une vraie correspondance, où l’autrice a cherché à recréer les mises en suspens que toute correspondance porte. Là les deux interlocuteurs se prennent au jeu et apprennent chacun deux monde de l’autre. La correspondance est alors une apologie de la différence. Mais le livre va plus loin. Les illustrations minimalistes d’Alexandra Pichard laissent toute leur place au texte pour que le jeune lectorat puisse construire la représentation des deux mondes en communication. Les clins d’œil à la situation des enfants contemporains abondent, évidemment, amenant le sourire autant qu’une morale que l’on pourrait formuler par plagiat : de la conversation naît la lumière, ou encore, de l’apprentissage du monde naît l’intérêt pour tous les mondes.

Courgeon Remi, Brindille, Milan, 2012, 40 p. 16€90
L’album explore l’univers machiste : Brindille est la seule fille dans une famille où il n’y a que des hommes, la mère est morte. Brindille, Pavlina de son vrai nom, va se faire sa place, à coups de poings. Mais elle fini cabossée, l’œil au beurre noir. Alors, elle se met à la boxe pour se faire respecter. Et ça marchera. Les tâches domestiques seront partagées. A la fin, Pavlina abandonne la boxe, se remet à jouer du piano : « Les poings sont faits pour s’ouvrir et les doigts pour s’envoler ». La dernière image la montre apprenant à taper sur les touches noires et blanches à un petit enfant. L’album est de très grand format. Les illustrations sont brutes, alternant aplats de couleurs et dessins au trait coloriés. Les silhouettes sont stylisées avec art, créant une danse des formes autour de l’âpreté de l’histoire. A chaque double page, sans raison apparente, une lettre se démarque, inscrite dans le dessin jusqu’au P du piano de la paix. L’osmose entre l’illustration et le texte assure la force persuasive de cet album qui traite de la difficulté d’être pour une enfant dans un univers de virilité et aussi de l’enfance maltraitée, mais sans jamais de compassion. Un bel album.

Lim Yeong-hee, Kongiwi, l’autre Cendrillon, illustrations de Marie Caillou, Père Castor, 2013, 32 p. 17€
Ce très bel album de grand format (280x360) se donne pour l’adaptation d’un conte coréen. Nous n’avons pu retrouver la version sur laquelle Lim a travaillé son adaptation. Si l’autrice y a été fidèle, alors, cette adaptation étonne par sa fin euphorique : en effet, le conte dans ses versions vietnamienne, tibétaine, japonaise et chinoise se finit mal pour la mère et ses filles. De plus, le sous-titre « L’Autre Cendrillon » est bien peu justifié, car l’enfant ne se trouvera pas dépaysé par les personnages. Enfin, le texte, assez concis, est peu évocateur. Les illustrations de Marie Cailliou, en revanche font entrer les lecteurs dans le rêve, avec des aplats de vives couleurs phosphorescentes, une multitude de détails, aux traits fins. A l’intérieur de silhouettes stylisées des personnages, animaux ou objets. Il n’empêche, bien sûr que, par l’œuvre graphique et le soin éditorial, cet album fera la joie des enfants ouvrant un cadeau.

Klassen Jon, Ce n’est pas  mon chapeau, adaptation française de Jacqueline Odin, Milan, 2013, 40 p. 12€20
Dans l’album précédemment publié par les éditions Milan, Je veux mon chapeau, on avait vu comment un lapin chenapan se faisait écraser par un ours qui cherchait son chapeau volé. Avec Ce n’est pas  mon chapeau, on quitte le milieu terrestre pour le milieu aquatique. Ici, un gros poisson a perdu son chapeau, volé par un petit poisson. On quitte aussi le point de vue de la victime du vol pour celui du voleur.
L’album en format italien se prête à la course poursuite. Le petit poisson se croit à l’abri dans les hautes herbes sous-marines, mais on verra en ressortir le gros poisson, avec son chapeau, mais pas le petit poisson. Les peintures de Klassen sont magnifiques, de couleurs sombres, et le récit est rythmé par les doubles pages. Comme pour l’album précédent, on est tenté de lire le texte comme un conte moraliste qui met en garde l’enfant contre la confiance naïve déposée chez les autres personnes, et en creux, la mise en exergue d’une critique de la loi du plus fort qui agit sur la moralité de chacun et chacune. Le petit poisson n’a-t-il pas été trahi par un crabe frileux et poltron ? Conte moral, le récit n’est pourtant pas moralisateur. C’est plutôt une leçon de vie, une fiction sur la crudité des rapports sociaux où s’enracine la cruauté légendaire des contes. Nul doute que longtemps l’enfant, à qui on aura lu le livre ou bien qui le lira, cherchera dans la double page de garde finale si le petit poisson est encore là…

Philippe Geneste

14/12/2014

Dans la vraisemblance du mystère

Carlos Ruiz Zafon, Marina , traduit de l'espagnol par François Maspéro, Robert Laffont, sixième édition, 2011, 306 p. 19,50 €
Dans la Barcelone des années 80, Oscar, 15 ans est en internat. Il s'en échappe régulièrement pour errer dans les rues de la ville, la sienne, mais aussi celle des souvenirs et des spectres du passé...
Belle mais inquiétante, jamais vraiment vivante ni vraiment morte, Barcelone, avec ses vieilles maisons sans vie et ses légendes, sait se faire mystérieuse en se drapant dans son lourd manteau de secrets et d'intrigues. Sans vie, c'est ce que pensait Oscar avant de rentrer dans cette vieille et magnifique villa figée dans le temps. C’est là qu’il croise  cette chose, fantôme ou être vivant, il ne saurait le dire, car il a préféré détaler plutôt que de se poser la question. Or, dans sa précipitation, Oscar emporte avec lui une montre à gousset. Voulant la rapporter, il fait la connaissance de Marina, avec qui il découvrira une étrange affaire, vieille de 40 ans, jamais élucidée.
Les deux adolescents vont être entraînés vers les tréfonds de leur ville, à la poursuite d'êtres mystérieux et dangereux mi-hommes mi-machines en quête de la vie éternelle. Oscar est fascine par Marina délicieuse jeune femme pleine de mystères dont il a l'impression de tout savoir même si chaque secret qu'elle lui révèle ne fait que dissimuler un peu plus le plus lourd d'entre eux. Si seulement elle lui en faisait part, peut être parviendrait-il à la sauver.

J'ai vraiment apprécié ce livre et son écriture. L'auteur parvient à faire partager au lecteur une image singulière de la ville et l'atmosphère qui y règne. Les personnages participant à l'intrigue sont complexes, chacun ayant son propre caractère et son passé. Les liens qui les unissent sont détaillés et probables. Dans cet effet de vraisemblable est la force de l'histoire. Les modalités de description des personnages, des liens qui les unissent et des paysages décrits tout y concourt. Cependant, on  regrettera que certains personnages échappent à cette exigence.

Fombelle Timothée de, Le Livre de Perle; éditions Gallimard jeunesse, 2014, 296 pages ; 16€
Son monde est peuplé de féerie et de magie. Peut être aurait-il pu vivre heureux avec Olia, une fée, sa fée, celle dont il est éperdument amoureux, si son frère, le roi, ne l'avait pas toujours détesté.
Son monde était si beau avant sa naissance et surtout avant la mort de sa mère, la reine, qui perdit la vie en accouchant. Si seulement la reine était toujours en vie, rien ne se serait passé comme ça, il ne serait pas sur un autre monde, tentant de récupérer le plus de preuves de la vie de sa tendre fée son amour .
Elle, pourtant, ne demande  qu'à le retrouver mais ne le peut, emprisonnée par un sortilège qui la force à rester invisible pour lui sous peine de retourner dans son monde, sans lui. Parviendront- ils à se retrouver un jour ?  On dit que leur monde est beau mais il ne l'est que dans les contes de fées....
Mon sentiment à la lecture de ce roman est mitigé.  En effet, malgré l'histoire que j'ai clairement adorée, je me suis perdue dans les méandres du récit, ce qui est le fruit d’une composition insuffisamment soutenue. Et c’est  vraiment dommage, car sans les personnages sont profonds et travaillés, l'histoire est magnifique et l'écriture, à l'habitude de l'auteur,  élégante.
Aurélie Arnaud

Littérature post-exotique
Draeger Manuela, L’Arrestation de la Grande Mimille, L’école des loisirs, collection Medium, 2007, 70 p. 8€
Dans un monde où la police n’existe plus, les poissons de mur veulent construire la Grande Mimille, également nommée Emilio Popielko, c’est-à-dire une matrice de shérifs afin de ne plus errer dans les labyrinthes obscurs des cloisons.
Pour cela, les poissons naviguent d’une maison à l’autre, sortent leurs têtes des murs et font des bulles cubiques qui restent suspendues aux plafonds et forment, petit à petit, la matière de la Grande Mimillle.
Pour contrer ce projet, Bobby Potemkine et Lili Nebraska entament une enquête. Ils sont aidés par Big Katz, le crabe laineux rêvant de remplacer la lune disparue, par la chiffonnière Mimi Okamagane et ses potions hallucinogènes, ses drapeaux rouges, par les charmantes et irréelles chauves-soubises et bien d’autres personnages. Arriveront-ils à arrêter la Grande Mimille ?
Milena Geneste-Mas

« Alors, après un dernier tour d’usine, j’ai décidé de clore cette histoire bizarre. J’ai pris sur l’épaule un drapeau rouge et je suis rentré chez moi. » Manuela Draeger, L’Arrestation de la Grande Mimille, L’Ecole des Loisirs, 2007, p.69
« Je ne sais pas comment vous réagissez, vous, mais moi, quand un crabe laineux prend un drapeau dans sa pince et se prépare à arpenter de long en large une usine de fourmilières, j’ai l’impression d’être entré dans une histoire où les héros sont formidables »
Manuela Draeger, L’Arrestation de la Grande Mimille, L’Ecole des Loisirs, 2007, p.69



06/12/2014

La nuit, la littérature et l'enfant

La nuit n’est-elle pas le moment privilégié d’expérience de la lecture ? Pour les enfants tout petit, n’est-il pas lié à l’heure des parents, ou bien à l’heure du retour sur soi après une longue journée. C’est un moment de confort de mœurs autant que d’aventure par la fiction. Juste avant l’endormissement, la lecture n’influence-t-elle pas la part de soi que révèlent les rêves ? La nuit ne prend-elle pas alors une place particulière dans les années de formation des lecteurs et lectrices ? N’est-elle pas dès lors associée à la construction de soi ? La nuit construirait donc notre rapport au monde à travers cette durée de transition qu’est le moment précédant l’endormissement, et y préparant. Certains diront, peut-être, que la lecture sert tout autant à l’enfant à vaincre sa crainte du noir, à en dompter l’espace.

Poillevé Sylvie, Lili dans son grand lit, illustrations de Charlotte Gastaut, Père Castor, 2011, 32 p. 5€20
D’abord, la stéréotypie : c’est un livre pour petite fille (à partir de trois ans), et tout est rose…. Si on n’est pas désespéré par tant de conformisme, alors on se lance dans le livre avec l’enfant. C’est des préparatifs de l’endormissement par l’enfant lui-même qu’il est question.
Le texte est en vers, comme pourrait l’être une comptine mais on est loin de la comptine : le texte est hâtivement rimé et peu rythmé. Mais il y a les illustrations où va, peu à peu, se perdre l’enfant comme dans un grand lit à la couette marron.

Chedru Delphine, Quand tu dors…, Gallimard jeunesse, coll. Album, 2010, 32 p. 12€90
Illustrations en grands aplats noir, bleu sombre, jaune vif, des aplats pareils à l’étiage d’accalmie d’un espace onirique où le petit être dialogue avec l’univers. Pendant ce temps, la ville vit par ses travailleurs de la nuit : gardien de musée, chauffeur de métro, éboueur, pilote d’avion, marchand forain. Le voleur et le gendarme croisent la chauve-souris, le chat et la souris. Le livre se finit à l’aube, un bébé est né, l’enfant des premières illustrations s’éveille. A proposer aux enfants de 18 mois à 3ans

Shibuya Junko, A Quoi ça rime ? La nuit d’un nain malin, Autrement, 2012, 48 p. 14€50
Voici un ouvrage remarquable, un peu cher tout de même et c’est dommage. Les pages se cachent derrière une fenêtre et la réponse à la question qui sert de titre fait rimer le mot à découvrir avec celui qui est déjà à découvert. L’ensemble, assez conséquent puisqu’il y a quelques 48 pages, est ainsi une propédeutique à la poésie. Annoncé pour les enfants à partir de 4 ans, le livre tient bien ce qui est annoncé. L’univers mat est coloré, le papier agréable au toucher est un clin d’œil à une édition soignée. Les dessins sont à la fois simples et abstraits. Quand au fil conducteur, c’est le petit nain malin qui l’assure par sa présence de découvreur de mots à la rime.
5
Hureau Simon, Ronde de nuit, Didier jeunesse, 2013, 40 p. 13€10
Le livre commence quand la journée finit. C’est la nuit.
Le texte suggère au lecteur un moyen de rechercher l’ombre qui, à chaque nouvelle page, représente l’événement énoncé par le texte. L’ouvrage égrène les heures et les activités nocturnes, animales ou humaines. Les travailleurEs de la nuit sont bien présents et présentes, fait à souligner car assez rare en littérature de jeunesse. Le format à l’italienne  livre ainsi un carnet d’heures jusqu’au petit matin…

Pinto Deborah, Au lit Anatole, Milan jeunesse, collection Anatole, 2011, 14 p., 14€95
Avec sa couverture cartonnée avec matière et puce sonore, coins ronds, cette collection de livre à toucher propose des ouvrages à lire avec les yeux et les mains. Très près des préoccupations des tout petits, de nombreuses matières sont présentes pour explorer par le toucher l’ouvrage. Les petits aiment beaucoup surtout que sous la matière, parfois, se cache un interrupteur qui fait démarrer une séquence sonore.

Dolto Catherine, Faure-Poirée Colline, La Boîte à dodo, Gallimard /Giboulée, 4 livres de 12 p. dans une boîte, 2012, 17€
La boîte rassemble Quand la nuit tombe, Préparer la nuit, Les aventures de la nuit : rêve et cauchemars et enfin Au Dodo les animaux. Les livres traitent du cauchemar, du sommeil, des rêves et des animaux. Comme d’habitude, il s’agit de livres à lire avec l’enfant dès quatre ans.

Mon Imagier de la nuit, illustrations de Nathalie Choux, Nathan, collection Kididoc, 2012, 12 p. 6€90
Cet imagier animé décrit les phénomènes de la nuit à l’intention du tout petit : la lune, le ciel, les étoiles, le nuage, le phare, le rideau, jeu de nomination de faits et choses du quotidien. Il s’ajoute à cela des éléments connexes également nommés et associés à la nuit : pyjama, chaussons, lit, chouette, hibou, chauve-souris, chat où le mot renvoie davantage au discours tenu à l’enfant qu’à la réalité expérimenté de nuit par l’enfant. On regrettera l’emploi des articles définis devant chaque nom car s’ils renvoient à l’image, ils ne devraient pour autant pas figurer dans un imagier. N’est-ce pas la preuve que même l’imagier, ce dictionnaire destiné au tout petit est empreint du discours et ne vise pas la nomination à proprement parler, c’est-à-dire la mise en catégorie grammaticale du nom de la réalité prise dans l’espace ?
Cette critique faite, le livre est agréable, très bien édité, solide et maniable.

Guidoux Valérie, Le Livre de la nuit, illustrations d’Hélène Rajcak, Casterman, 2014, 48 p. 16€75
C’est tout l’univers de la nuit, abordé d’un pont de vue sociologique, anthropologique comme naturaliste. On y suit la nuit qui tombe et l’aube suivie de l’aurore qui en referme la parenthèse. Les illustrations d’Hélène Rajcak ne sont pas sans rappeler l’œuvre peinte de Jacqueline Duhême, apportant fraîcheur et fantasmagorie accueillantes pour l’enfant. Le texte est très fouillé, documentaire, certes, mais aussi lyrique parfois ou narratif à d’autres moments. L’album est une mine de connaissances qui sollicitent l’attention du jeune lectorat à partir de 8 ans. En effet, il ne s’agit pas d’un documentaire traditionnel où le classement des informations importe par-dessus tout. Ici, c’est la lecture qui fait la richesse du livre servi avec sensibilité par l’illustratrice peintre. Des informations astronomiques, géographiques, linguistiques, historiques, d’étude des mœurs, humaines ou animales, astrologiques, scientifiques, oniriques et symboliques, des rythmes de travail, physiques voire chimiques, s’accumulent au fil des pages. Un livre d’une très grande richesse pour enfants lecteurs.

Cannat Guillaume, Le Ciel à l’œil nu. Mois par mois les plus beaux spectacles en 2015, Nathan, 2014, 144 p. 18€50
Ce livre de vulgarisation scientifique, réalisé chaque année par le journaliste Guillaume Cannat,  propose aux lecteurs de se repérer dans le ciel, de janvier à décembre 2015. Plus de 70 rendez-vous crépusculaires ou nocturnes entre les planètes sont présentés avec un schéma détaillé, des conseils pour les observer. De nombreuses cartes, quelques cent schémas photographiques, des dessins, on ne peut nier l’intérêt d’un tel ouvrage à manier avec les enfants et à mettre dans les mains des adolescents. Surtout que des gros plans encyclopédiques permettent de découvrir ou redécouvrir les bases de l’observation des astres, le tout renforcé par de nouveaux encadrés mythologiques et pratiques.
Ph. G.

Pour les pré-adolescents
Emerson Kevin, Oliver Nocturne. 1 L’ombre du vampire, Milan, collection Poche junior fantatique, 2010, 248 p. 6€50
Mélange de merveilleux vampirique et d’intrigue policière. C’est un récit qui se lit vite et sans difficulté.

Barraqué Gilles, L’Appel de la nuit, illustrations de Cécile Gambini, Gallimard jeunesse, collection Hors Piste, 2010, 90 p. 6€50
Une belle histoire animalière où le peuple de la nuit appelle à l’aide un enfant pour les délivrer du tyran qui a volé la lune.

Commission Lisez Jeunesse