Le mardi 25 mars 2014, a eu lieu à la médiathèque d'Andernos-les-Bains (Gironde), puis le samedi 5 avril au festival du court métrage "les toiles de mer" de Lanton (Gironde), la
projection du film Journaux intimes réalisé par Emmanuelle Glémet et l’association Vue du Cap, produit par la mairie
d’Andernos-les-Bains. Le film est né d’un projet commun élaboré par Chantal
Lamontagne, médiathécaire, et Philippe Geneste professeur de français au collège
d’Andernos, renouvelant une expérience déjà menée en 1999 sur les journaux
intimes de collégiens.
Quinze ans plus tard, les écrits des élèves de quatrième H, de cinquième A et sixième E ont donné le matériau du scénario, en
fournissent la teneur. Emmanuelle Glémet est venue dans les classes avec sa
caméra pour que les élèves de sixième E et cinquième A fassent l’expérience pratique
du cinéma.
Le film rassemble les écrits des
collégiens, donnant à entendre dans un environnement qui leur est commun, leurs
préoccupations, leurs effrois autant que leurs joies. On prend conscience de
combien l’unité institutionnelle du collège comporte des enfants aux
préoccupations opposées. Les spectateurs ont bien senti la différence notoire
entre les écrits des adolescents et préadolescents de quatrième et les enfants
de sixième et cinquième. Le journal intime livre à nu l’expression collégienne
de la vie. L’environnement dans la confrontation duquel les enfants se
construisent devient chez les adolescents ce contre quoi s’affirmer. A un âge
où le corps ne fait plus un avec la tête, les urgences juvéniles explosent
parfois à l’écran. Ce sont des journées sans imprévu d’où suinte l’ennui, des
soirées de fête où sont bousculées les limites sociales des comportements. Les
émois des ruptures parentales, la douceur des joies simples de la vie, l’élan
vers les addictions en tout genres, se croisent.
Il faut souligner la justesse des
dictions des textes par les élèves, lectrices et lecteurs, dont la voix livre
sans voile des réalités tendres ou dérangeantes, n’évitant pas ainsi les tiraillements
de ces âges des bouleversements où on prend ses distances avec les modèles
parentaux et adultes, où on quitte l’enfance sans encore entrer dans un domaine
assuré de sa vie, cette vie qui se cherche dans des groupes de pairs mais où
autrui y est ressenti comme un regard inquisiteur aussi.
Le film donne à entendre cet âge
en sursis des plus petits, mais aussi des interrogations profondes des plus
grands que l’on ne soupçonne pas toujours dans le discours adolescent.
L’intelligence des mouvements de la caméra, la finesse et l’expressivité du
montage, l’attention empathique des cadrages posent un espace où se reconstruit
le réel de ces classes d’âge si différentes, et livre avec délicatesse de
multiples facettes de cette quête de soi dans la perte de l’innocence de l’enfance.
Entre autorité et illicite, entre lieux institutionnels et domaines
symboliques, le film Journaux intimes propose un pont entre
les parents et leurs enfants, entre l’école et les élèves, entre la vie sociale
adulte et la vie rêvée des jeunes.
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