1 - 2 ans
Jousselme Catherine, Meuh-Meuh ! Illustrations de Fiona Land, Nathan, collection Petit Nathan, 2012, 12 p. 13€90 1 à 2 ans
C’est un livre où chaque animal est représenté par un dessin avec des aplats de couleur, un trait clair stylisé, et des parties du corps ou des objets (du contexte dans lequel il est représenté) recouvertes de matières variées (tissu, plastique etc.) L’âne, le chat, la vache, le cochon, la poule, le mouton, le cheval, chacun accompagné par son cri, on les découvre en tournant les pages ou bien en saisissant els onglets. Le livre est intéressant entre 1 an et deux ans.
Pour les petits
Hureau Simon, Ronde de nuit, Didier jeunesse, 2013, 40 p. 13€10
Le livre commence quand la journée finit. C’est la nuit.
Le texte suggère au lecteur un moyen de rechercher l’ombre qui, à chaque nouvelle page, représente l’événement énoncé par le texte. L’ouvrage égrène les heures et les activités nocturnes, animales ou humaines. Les travailleurEs de la nuit sont bien présents et présentes, fait à souligner car assez rare en littérature de jeunesse. Le format à l’italienne livre ainsi un carnet d’heures jusqu’au petit matin…
Album
Sandre Anna de, Iris et l’escalier, illustrations de Chiaki Miyamoto, Gallimard jeunesse – Giboulées, 2012, 32 p. 13€50
En haut de l’escalier, pour le petit enfant, tout petit, mais déjà en marche vers la vie, en haut de l’escalier se trouve la chambre. On y dort, on y rêve. Mais l’escalier ne monte jamais jusqu’au ciel. Dans le pays des nuages, l’enfant voudrait aller, et il connaît le chemin d’Alice, mais un univers renversé où on ne part pas au creux de la terre, mais au creux des nuages.
Fischman Patrick, Les deux vieux et l’arbre de vie, illustrations de Martine Bourre, Didier jeunesse, 2013, 36 p. 12€50
A une époque où la figure des grands-parents est de plus en plus présente, cet ouvrage la met en scène avec poésie et beaucoup d’idéalisme. Peu importe l’histoire où certains verront les vieux monter au paradis et où d’autres, dont nous sommes y verrons une allégorie de l’accueil par les générations précédentes des enfants qui viennent. Le grandissement du petit d’homme est délivré par l’image d’un arbre qui pousse à même la cuisine de la maisonnette des deux vieux. L’illustration toute en retenue, dessins et couleurs incertainement posée sur les formes, livrent l’à peu près de la vie humaine. L’arbre grandit et les vieux grimpent, suivent sa croissance, jusqu’à être dépassée par lui. Arrive, alors la fin du livre qui n’impose aucune
Pour les 4/7 ans
Brière-Haquet, Alice, Le Chat d’Elsa, illustrations de Magalie Le Huche, Père Castor-Flammarion, 2011, 32 p. 10€ dès 5 ans
Elsa est une petite fille : Le rose est la couleur dominante de l’album…. Nous voilà dans la stéréotypie. Elsa est fille unique et elle se crée un monde avec un chat imaginaire qui est le compagnon idéal des fantaisies et bêtises. Mais ses parents ne croient pas à son existence, car on ne le voit pas, évidemment. La représentation, ce n’est pas qu’une image du réel, c’est aussi ce qui tient lieu de quelque chose pour l’humain. Nous sommes dans cette interprétation là et ça c’est intéressant car l’album explicite ce rapport de réflexion auprès de l’enfant. Il y a une sorte de dédoublement du monde (voir l’avant dernière double page de l’album). A 5/6 ans, le rêve participe du réel, l’activité de l’imaginaire enfantin est assimilé aux événements qui en résultent : le chat imaginaire existe à travers les bêtises qu’Elsa lui impute. L’album explore ce réalisme, sans systématisme mais avec une réelle écoute de la pensée enfantine.
Pour les 7/9 ans
Biondi Ghislaine, Les Chats de Mia, illustrations de Peggy Nille, Oskar éditeur, collection premières lectures, 2013, 24 p. (non indiqué, autour de 7€)
Petit chef d’œuvre d’écriture, petit chef d’œuvre d’illustrations, ce bref volume numéro 34 de la collection, n’a rien de didactique, rien de parascolaire non plus. C’est une vraie histoire, tendre illustrée à la manière de Chagall avec de nombreux lavis et transparences dans les peintures qui assument l’onirisme de la fiction. Prévert n’est pas loin puisqu’il suffit de dessiner un chat sur al buée de la vitre pour que le chat existe. Mais contrairement à Prévert, il est dit que ce chat vivra dans l’imaginaire et qu’il survivra réellement dans la mémoire de sa créatrice, Mia est un rêve de petite fille, le rêve d’un chat mais aussi celui des couleurs, mais encore celui d’un monde neuf que les représentations enfantines viendraient animer de leur dynamisme. Oui, un petit chef d’œuvre.
Romans 9/12 ans
Place François, Le Secret d’Orbae, Casterman, 2013, 432p. 13€95
L’ouvrage rassemble les deux romans parus en 2011 sous le titre générique Le secret d’Orbae. Ils content deux histoires parallèles qui se joignent par leurs dénouements : Le Voyage de Ziyara et Le Voyage de Cornélius. Les deux récits content l’exploration du monde d’Orbae. Cornélius est à la recherche d’un tissu plus fluide que la soie qui prend al couleur du temps. Durant son périple il se fera cartographe, métier essentiel dans l’œuvre de François Place, et rencontrera, dans une île, Ziyara. Celle-ci est une contrebandière des mers et de la route des épices. Les deux routes se croisent, donc. Chaque personnage est en quête de l’humain, en quête d’un autre que soi en quelque sorte, qui en vagabondant sur les mers du Sud, qui, en errant sur les terres du nord. Et au fond, ces deux ouvrages sont l’histoire d’une rencontre. L’héroïne et le héros se trouvent dans une espace de bifurcation puisque né de la contrariété de leurs parcours initiaux. Dans ce lieu au milieu d’un univers mythique, comme aime à les installer Place, sur une île incongrument là, une inimaginable rencontre a lieu sans prédestination ni fatalité de mouvement. La rencontre sera heureuse car d’amour dans le sens où il s’assimile aux rêves qui « appartiennent à eux qui bataillent pour les faire exister »(1). Extra-ordinaire, la rencontre de Cornélius et Ziyara mue les deux récits en espace de passage dans le non-ordinaire de la vie. Comme l’écrit une auteure pour la jeunesse dans un bel album, leur rencontre est « le rendez-vous secret de deux hasards » (2).
Comme toujours chez François Place, l’exploration, la géographie, le mythe sont récurrents, en même temps qu’une certaine innocence du regard qui plonge vers les profondeurs des désirs humains d’une harmonie universelle des hommes entre eux et des humains et de la nature qui les englobe. François Place pourrait faire sienne cette phrase de Lautréamont : « Allez-y voir vous-même si vous ne voulez pas me croire ».
Philippe Geneste
(1) Martine Laval « François Place, un conteur enlumineur » Dossier de presse de Le secret d’Orbae, Casterman 2011 non paginé
(2) Hoestlandt, Jo, A Pas de louve, illustrations Marc, Daniau, Milan, 2001.
ROUX Christian, Les maisons aux paupières crevées, illustrations d'Olivier Balez, Syros, collection Souris noire, 2012, 122 pages, 6€. 11 ans et plus
Ce livre est assez explicatif, tant au niveau des discriminations raciales dont sont victimes plusieurs des personnages qu'au niveau des sentiments éprouvés par une adolescente de treize ans qui a encore du mal à passer de l'enfance à l'âge adulte.
L'auteur évoque à plusieurs reprises le sujet de « ces gens-là », faisant assez rapidement comprendre au lecteur que les discriminations sont partout, dans les rues, dans les maisons qui ont « les paupières crevées » et dans les mystérieuses disparitions auxquelles doit faire face l'héroïne.
C'est un ouvrage qui, loin d'être un simple livre, est également un outil de réflexion. Il ouvre le questionnement sur les comportements diffus de discriminations raciales. le côté « naïf » conféré à la narratrice sied parfaitement à la tranche d’âge des 10/12 ans à laquelle est destinée la collection.
Rose