HELLENA Cavendi, Un Air de liberté, éditions Chant d'orties, Collection Graines d'orties, 2013, 182 p. 15€
Le voyage dans le temps est un des grands thèmes du roman de science fiction depuis H.G.Wells. C'est le voyage que vont entreprendre les 4 héros du roman pour sauver la société idéale dans laquelle ils vivent en 2368 depuis que la Révolution libertaire, déclenchée par la chanson Liberty de John Lesmoines, a eu lieu il y a plusieurs siècles.
C'est ainsi que Phil, fils d'un nostalgique du capitalisme qui manigance contre le nouveau système, avec ses amis de toujours Amélie et Pierrot vont s'allier à la mystérieuse Lluvia pour déjouer les plans des conspirateurs.
Pour continuer à vivre dans cette société plus juste où l'air est si pur et où les contraintes et l'argent ont disparu, ils vont traverser le temps à bord d'une drôle de machine, vont se perdre et se retrouver enfin.
Dans ce récit plein d'aventures et de suspense, les quatre amis vont surtout apprendre, réfléchir sur l'amitié, la mort, le pouvoir, la solidarité et la liberté.
Le livre de Hellena Cavendi, parsemé d'illustrations de Julie Grugeaux, est un conte écologique chargé de poésie et d'optimisme. Il est un peu manichéen et semble être un texte édifiant destiné à de jeunes adolescents amateurs de science fiction que l'on veut sensibiliser aux utopies libertaires puisqu'il est prometteur d'un avenir où la relation dominants dominés aura disparu.
Geneviève Muňoz, Germinal Vallès
ELIAS Jean, Grand-mère arrose la lune, illustrations d'Anastasia Elias, collection Pommes Pirates Papillons, MØtus, 2006, 56 p., 10€
Ce recueil unit les poèmes par l'illustration en noir et blanc sur papier recyclé gris. Entré dans le cocon du livre au papier granuleux, le lecteur suit les pérégrinations des mots. On lit alors un conte, le conte d'une grand-mère univers avec la lune pour fil d'or. Mais, bénéfice de la liberté de lecture, on peut, aussi, lire les poèmes séparément, y trouver, parfois, des haïku ("La canne de Grand-mère / est bourrée de petites lunes / qui laissent derrière elles / des taches lumineuses". L'illustration étaie la lecture en ce sens qu'elle lui apporte des points d'ancrage pour l'interprétation des poèmes au cas où le lecteur serait en panne de compréhension. Il faut louer –une fois de plus louer- les éditions Motus de chercher, hors sentiers courus des chemins neufs pour amener le jeune lectorat à prendre en main le texte qu’il a sous les yeux et cela, en combattant avec pugnacité le didactisme, cet ennemi de la littérature et donc cet espion adulte planqué au cœur de la littérature de jeunesse.
ELIAS Jean, ELIAS Anastassia, Les Rêves s’affolent, MØtus, 2013, 72 p. 10€
Un album poétique est un album où le texte suit en vers l’image ou bien où l’image suit en trait le texte. Au fil des pages, nous passons d’un cas de figure à l’autre dans Les Rêves s’affolent. Et c’est l’imaginaire qui nous emporte dans une ronde où les mots se fixent sur des évocations ou bien des évocations font imploser la teneur en sens des mots. L’inventivité est partout, partout touchante, humoristique ou tragique –rarement-. Rien n’est immédiat d’accès et pourtant, tout enfant s’y complaît. Le papier grisé porte les poèmes en caractères gras. L’illustration est pataphysicienne, crayonnée, avec un dessin fouillé qui fourmille souvent de détails. C’est un dessin « à l’encre sympathique » qui donne à apprendre « la langue des rêve » ou plutôt sa transcription graphique. Le jeu des mots avec le dessin est parfois lugubre « Je rêve que j’ai un robot (…) / Il ne pense qu’à une chose / me fausser compagnie / /pour aller piquer une tête / dans la piscine municipale » et comme la dessinatrice est au fond e la piscine, les têtes des nageurs et nageuses ont disparu…
PREVERT Jacques, Etranges étrangers et autres poèmes, choisis et présentés par Camille Weil, Gallimard, collection Folio junior poésie, 2013, 95 p. cat 2
Dans cette anthologie composée de poèmes des recueils Grand bal du printemps, textes divers (1929-1977), la cinquième saison, Paroles, Spectacle, Histoires, La Pluie et le beau temps, propose des œuvres sur la misère, le racisme, la délinquance et l’enfance maltraitée, les enfances prolétaires, la condition du peuple dans les guerres patriotiques et les guerres coloniales, les cités ouvrières. Prévert (1900- a bien connu l’office central des pauvres de la ville de Paris où son père avait fini par trouver du travail. Parti à 15 ans rechercher du travail, ayant fait de nombreux petits boulots tout en continuant à dévorer des livres par centaines, Prévert, aime évoquer les lieux et les êtres qu’il a croisé, qui l’ont marqué, avec qui il s’est lié. Journaliste, surréaliste un bref temps, écrivain du groupe Octobre, troupe de théâtre engagé et militant, puis scénariste et dialogueur de films, Prévert publie son premier recueil de poèmes en 1946 : Paroles. L’œuvre poétique de Prévert touche les enfants d’aujourd’hui comme elle touchait ceux d’hier. Il y a chez lui une volonté de simplicité et vie du sens qui l’éloigne de l’élitisme poétique qui domine ce secteur littéraire. L’anthologie ici constituée est intelligente et pose l’engagement à l’origine même du geste poétique.
Geneste Philippe